Petrus vaut-il son prix ?

Patrick Moulène, double champion de France de dégustation de vin à l’aveugle (REVUE DU VIN DE FRANCE) et ambassadeur de Winebox Prestige aborde le mythe du vin de Pétrus et vous pose la question : Petrus vaut-il son prix ?

Chers amateurs de vin, je vous invite à plonger au cœur d’un monument de la viticulture : Petrus ce cru mythique qui incarne le nec plus ultra de la rive droite bordelaise.

Ma passion pour la dégustation m’a souvent poussé à déguster Petrus, et à chaque fois, il se révèle sous un nouveau jour. Mon rôle d’ambassadeur de Winebox Prestige m’a permis d’échanger avec de nombreux collectionneurs et sommeliers, et j’ai pu constater à quel point Petrus suscite curiosité, admiration et parfois scepticisme.

Pourtant, lorsqu’on parle de Petrus, on n’évoque pas simplement un vin, mais une véritable légende qui traverse l’histoire, les époques et les millésimes.

Pour comprendre si Petrus vaut son prix, il est essentiel de revenir à ce qui fait l’essence de Petrus : à savoir son terroir exceptionnel, son mode de production unique et la reconnaissance mondiale dont il jouit.

Abordons la première grande question : Petrus vaut-il réellement son prix ?

Avant d’y répondre, il convient de replacer ce vin rouge dans son contexte. Sur le plan géographique, il se situe sur le plateau de Pomerol, non loin de la célèbre appellation Saint-Émilion, et bénéficie d’un terroir unique. La fameuse veine d’argile bleue, rare et très compacte, confère à Petrus sa structure singulière. Par ailleurs, le château demeure une propriété relativement modeste en termes de superficie, autour de 10 hectares seulement, ce qui limite naturellement la production et accroît la demande.

C’est cette combinaison de facteurs, terroir d’exception, volume restreint et prestige acquis au fil du temps, qui explique en partie la valorisation du prix de Petrus. Toutefois, chaque dégustateur aura son avis personnel sur la valeur réelle : certains estiment que Petrus est inégalé, tandis que d’autres considèrent que le prix dépasse de loin la qualité en bouteille.

Ce qui amène nombre de passionnés à se demander si Petrus est vraiment un très bon vin hors normes ou simplement un symbole de prestige ?

Quel prix vaut un Petrus ?

Lorsque l’on parcourt les sites marchands, on se rend compte que Petrus affiche des tarifs vertigineux, particulièrement sur les millésimes d’exception.

Pour citer quelques repères, un  2000 peut aisément dépasser les 4 000 euros la bouteille de 75 cl, tandis qu’un 2005 peut osciller entre 3 500 et 4 500 euros selon la qualité de conservation.

Sur des années plus récentes comme 2010 ou 2015, Petrus se positionne souvent entre 3 000 et 4 000 euros, et certains millésimes dits « moins prestigieux » – si tant est que cette notion s’applique – se négocient parfois autour de 2 000 à 2 500 euros.

Les millésimes 2019 ou 2020, encore jeunes, se vendent couramment à plus de 2 500 euros. Quant aux 2021 ou 2022, on peut s’attendre à ce que le prix de Petrus avoisine ou dépasse les 2 000 euros, tant la réputation attire les collectionneurs du monde entier.

En parcourant les différents millésimes de Petrus depuis les années 2000, on remarque que chaque année possède ses spécificités climatiques et stylistiques.

Le Petrus 2001, par exemple, séduit par son équilibre et son raffinement, avec un prix avoisinant les 2 500 à 3 000 euros.

Le très encensé 2009 se situe plutôt dans une fourchette de 3 500 à 4 000 euros, tandis que l’on considère souvent le 2010 comme l’un des plus grands Petrus de ces dernières décennies.

Même si les variations de prix peuvent sembler subtiles, le marché reste ultra-sensible à la réputation de chaque millésime, à son potentiel de garde et au prestige de la marque Petrus.

Ainsi, le Petrus 2018, déjà très courtisé, dépasse facilement les 3 000 euros. Plus qu’un simple vin, il est devenu un objet de spéculation, soutenu par une demande mondiale en perpétuelle croissance et une production toujours confidentielle.

Pourquoi Petrus est-il si cher ?

La question du prix astronomique de Petrus se pose souvent chez les amateurs comme chez les investisseurs.

L’un des facteurs clés demeure la rareté : le vignoble s’étend sur un peu moins de 12 hectares, ce qui restreint inévitablement la production. De plus, l’argile bleue caractéristique de ce terroir unique confère aux raisins un profil aromatique puissant et une texture en bouche incomparable, renforçant ainsi la réputation d’excellence de Petrus.

Par ailleurs, le savoir-faire et l’attention minutieuse apportée à chaque étape de la viticulture et de la vinification participent à la renommée de ce cru. La famille Moueix, qui possède le cru classé Petrus, a toujours privilégié une approche méticuleuse, du travail de la vigne jusqu’à l’élevage en barriques.

Enfin, l’aura mythique de Petrus, entretenue par les critiques et les classements internationaux, contribue à alimenter des prix toujours plus élevés. Cette combinaison de facteurs fait que Petrus surpasse souvent d’autres grands noms de Pomerol en termes de valeur marchande. Pourtant, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la justification de tels montants pour une simple bouteille de Petrus.

Parmi les raisons qui expliquent le coût élevé de Petrus, on retrouve également le contrôle très strict de la qualité. Chaque pied de vigne est choyé, chaque grappe est sélectionnée avec rigueur, et la vinification se fait dans le respect le plus total du fruit.

Cette quête de perfection se répercute forcément sur le prix final de Petrus. De plus, l’histoire du domaine est jalonnée d’investissements conséquents, notamment dans la modernisation des chais, de sorte que Petrus reste à la pointe de la technologie tout en préservant une approche traditionnelle.

Au fil du temps, cette cohérence dans la vision du vin a créé un produit d’un raffinement exceptionnel, justifiant, selon certains, le positionnement de Petrus comme l’un des vins chers. Il est donc logique que le marché, alimenté par une demande internationale, fasse continuellement grimper sa cote.

Petrus représente-t-il un bon investissement ?

Au-delà du plaisir de la dégustation, Petrus est souvent considéré comme un placement sûr dans le monde des vins de collection. Les courbes de prix ont montré une progression quasi continue au cours des vingt dernières années, faisant de Petrus un actif recherché, tout particulièrement en période d’incertitude économique où les biens tangibles rassurent les investisseurs.

Toutefois, il est primordial de se poser la question : faut-il vraiment acheter Petrus à tout prix ?

Si le budget le permet et que l’on est sensible à l’aura de ce grand cru, l’investissement peut se révéler judicieux, notamment si l’on vise le long terme et si l’on dispose de conditions optimales de stockage.

En revanche, il existe sur l’appellation Pomerol des excellentes alternatives qui ne prétendent pas rivaliser frontalement avec Petrus, mais qui offrent un rapport qualité-prix remarquable. Des châteaux comme Vieux Château Certan, Trotanoy, Gazin, Clinet, L’Évangile, Petit-Village et Beauregard méritent toute l’attention des amateurs, car ils partagent un terroir similaire à celui de Petrus et proposent des vins de grande classe à des prix plus abordables.

Prenons l’exemple de cinq domaines de Pomerol qui, sans égaler Petrus en termes de prestige, méritent votre attention.

• 1. Château Gazin :

Son savoir-faire repose sur un terroir tout proche de Petrus, avec un sol argilo-graveleux idéal pour le merlot et ses vins reçoivent régulièrement des notes flatteuses de la presse spécialisée. Bénéficiant souvent d’un microclimat proche de celui de Petrus, Gazin parvient à développer une profondeur similaire.

• 2. Château Clinet :

Clinet jouit également d’une excellente réputation, peut offrir des saveurs de fruits noirs et de truffe, et se négocie autour de 100 à 150 euros, pour un vieillissement sur 15 à 25 ans.

• 3. L’Évangile :

L’Evangile séduit par son élégance, rivalisant parfois avec l’équilibre que l’on trouve chez Petrus, pour un tarif généralement compris entre 200 et 300 euros.

• 4 et 5. Petit-Village et Beauregard :

Tous deux reconnus pour leur progression qualitative récente, à des prix toujours inférieurs à la barre des 100-150 euros, et offrant un beau potentiel de garde. Quant à la notoriété de Petrus, elle démontre combien le terroir de Pomerol recèle des joyaux encore sous-estimés.

Même si l’on ne peut nier la singularité de Petrus, ces cinq domaines constituent d’excellentes alternatives pour enrichir sa cave sans sacrifier son budget.

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Les 24 derniers millésimes de Petrus

Voici un tour d’horizon des 24 derniers millésimes du Château Petrus, de 2024 à 2000 :

• 2024 : Encore en élevage, millésime prometteur avec un été chaud et des vendanges précoces. Le fruit est mûr, la structure semble déjà équilibrée.
• 2023 : Millésime classique, marqué par la fraîcheur. Le merlot révèle une belle tension, avec une trame tannique fine.
• 2022 : Exceptionnel. Grande concentration, fruit éclatant, tanins veloutés. Un futur grand de Petrus.
• 2021 : Plus délicat, mais très élégant. Notes de cerise noire et de violette, bouche ciselée.
• 2020 : Très riche, solaire, mais parfaitement équilibré. Finale interminable. Un Petrus de garde.
• 2019 : Harmonieux, soyeux, avec une grande profondeur. L’un des plus réussis de la décennie.
• 2018 : Concentration et puissance. Arômes de truffe, prune noire et chocolat noir.
• 2017 : Moins homogène à Bordeaux, mais Petrus tire son épingle du jeu. Fin et racé.
• 2016 : Grand vin classique, avec structure, fraîcheur et intensité aromatique. Tanins nobles.
• 2015 : Chaleur maîtrisée, très gourmand. Notes de fruits rouges confits, tanins crémeux.
• 2014 : Belle acidité, millésime plus discret, mais précis. Aromatique florale et minérale.
• 2013 : Le plus difficile de la décennie. Petrus réussit un vin fin, léger, très buvable jeune.
• 2012 : Élégant, belle expression du merlot. Potentiel de garde moyen.
• 2011 : Structure moyenne, un peu austère à l’ouverture, mais bon vieillissement.
• 2010 : Grand millésime. Concentré, complexe, tannins polis, finale d’une rare intensité.
• 2009 : Opulent, solaire, sur le fruit noir. Accessible jeune, mais apte à vieillir très longtemps.
• 2008 : Moins dense que 2009, mais très raffiné. Belle énergie en bouche.
• 2007 : Millésime délicat. Petrus offre un vin équilibré et charmeur, à boire plus tôt.
• 2006 : Belle structure. Notes de réglisse, de cuir et de cerise noire. Garde intéressante.
• 2005 : L’un des sommets du domaine. Concentration, finesse, densité. Petrus à son apogée.
• 2004 : Classique, élégant. Arômes de fruits rouges, texture souple.
• 2003 : Caniculaire, riche et chaleureux. Moins de fraîcheur, mais séduction immédiate.
• 2002 : Un vin plus réservé, mais très équilibré. Notes de tabac blond, bouche droite.
• 2001 : Excellent millésime sous-estimé. Complexe, long en bouche. À maturité.
• 2000 : Grandiose. L’un des plus grands Petrus du XXI ème siècle. Structure monumentale.

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Les 15 meilleurs millésimes du Château Petrus (de 1945 à 2022)

Voici les 15 plus grands millésimes de Petrus, toutes époques confondues :

1. 1945

• Dégustation : Complexité folle, notes de cuir, truffe, vieux porto.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 25 000 €.
• Potentiel de garde : + 80 ans. En 2045, la bouteille sera centenaire et encore en vie !
• Revente estimée en 2030 : 37 000 €.

2. 1947

• Dégustation : Vin solaire, opulent, exceptionnellement riche.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 18.5/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 20 000 €.
• Potentiel de garde :  Garde 70 ans. En 2047, la bouteille sera centenaire et encore en vie !
• Revente estimée en 2030 : 30 000 €.

3. 1961

• Dégustation : Mythique, parfaitement équilibré.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 20/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 18 000 €.
• Potentiel de garde : Garde + 60 ans.
• Revente estimée en 2030 : 29 000 €.

4. 1982

• Dégustation : Puissant, velouté, très fruité.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19.5/20 (Antonio Galloni).
• Achat prix moyen : 10 000 €.
• Potentiel de garde : Garde 70 ans.
• Revente estimée en 2030 : 20 000 €.

5. 1989

• Dégustation : Truffe, moka, prune. Tanins soyeux.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 6 500 €.
• Potentiel de garde : Garde 65 ans.
• Revente estimée en 2030 : 12 000 €.

6. 1990

• Dégustation : Riche, mûr, hédoniste.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19/20 (Antonio Galloni).
• Achat prix moyen : 6 800 €.
• Potentiel de garde : Garde 70 ans.
• Revente estimée en 2030 : 13 000 €.

7. 1998

• Dégustation : Pomerol au sommet, fruit dense, notes terreuses.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19.5/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 5 800 €.
• Potentiel de garde : Garde 50 ans.
• Revente estimée en 2030 : 11 000 €.

8. 2000

• Dégustation : Structuré, racé, tannins puissants.
• Notes : 100/100 (Parker), 20/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 6 000 €.
• Potentiel de garde : Garde 60 ans.
• Revente estimée en 2030 : 11 000 €.

9. 2005

• Dégustation : Précis, intense, équilibre parfait.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19.5/20 (Antonio Galloni).
• Achat prix moyen : 5 500 €.
• Potentiel de garde : Garde 70 ans.
• Revente estimée en 2030 : 10 000 €.

10. 2009

• Dégustation : Gourmand, crémeux, éclatant.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19/20 (Jancis Robison).
• Achat prix moyen : 5 200 €.
• Potentiel de garde : Garde 50 ans.
• Revente estimée en 2030 : 9 000 €.

11. 2010

• Dégustation : Profond, minéral, grande tension.
• Notes : 100/100 (Robert Parker), 19.5/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 5 800 €.
• Potentiel de garde : Garde 60 ans.
• Revente estimée en 2030 : 9 500 €.

12. 2015

• Dégustation : Fruité, charmeur, accessible jeune.
• Notes : 98/100 (Antonio Galloni), 18.5/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 4 800 €.
• Potentiel de garde : Garde 50 ans.
• Revente estimée en 2030 : 7 500 €.

13. 2016

• Dégustation : Structuré, floral, très frais. Millésime exceptionnel.
• Notes : 99/100 (Robert Parker), 19/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 4 700 €.
• Potentiel de garde : Garde 60 ans.
• Revente estimée en 2030 : 8 000 €.

14. 2018

• Dégustation : Concentration, tanins veloutés.
• Notes : 98+/100 (Robert Parker), 18.5/20 (Jancis Robinson).
• Achat prix moyen : 4 500 €.
• Potentiel de garde : Garde 45 ans.
• Revente estimée en 2030 : 7 000 €.

15. 2022

• Dégustation : Concentration et fraîcheur. Millésime exceptionnel.
• Notes : 100/100.
• Achat prix moyen : 4 200 €.
• Potentiel de garde : Garde 60 ans.
• Revente estimée en 2030 : 7 500 €.

Nota : le potentiel de garde est calculé à partir du millésime de naissance.

Quel est le goût du Petrus en bouche ?

• Nez du vin Petrus

Le nez de Petrus est une véritable signature olfactive. Dès l’ouverture, il révèle des arômes puissants et complexes de truffe noire, de violette, de mûre, de cerise noire, parfois de réglisse, de graphite ou de cuir noble selon l’âge. Les grands millésimes de Petrus dévoilent un nez envoûtant, profond et évolutif, où les fruits noirs mûrs côtoient des notes minérales et boisées d’une grande finesse.

• Goût en bouche

En bouche, Petrus séduit par une attaque douce, veloutée, presque crémeuse. Le vin tapisse le palais sans lourdeur, avec une densité impressionnante, mais parfaitement maîtrisée. Le merlot, cépage unique de Petrus, offre une richesse fruitée intense, avec des notes de prune, de cacao, de truffe et de cerise confite. Les tanins sont présents, fermes, mais soyeux, parfaitement intégrés à la matière. Ce qui frappe surtout, c’est l’harmonie : puissance et élégance se conjuguent à chaque gorgée.

• Finale du vin en bouche

La finale de Petrus est longue, persistante, presque éternelle dans les grands millésimes. Elle laisse une empreinte minérale et épicée, souvent accompagnée de légers amers nobles qui renforcent la structure du vin. Certains millésimes offrent une finale truffée, d’autres une touche de chocolat noir ou de moka. Dans tous les cas, Petrus laisse une sensation de plénitude rare, avec une complexité qui continue d’évoluer en bouche bien après la dégustation.

En dégustation à l’aveugle Petrus est-il toujours le premier vin ?

L’expérience de dégustation à l’aveugle réserve souvent des surprises, y compris pour Petrus !

Dans ma carrière de dégustateur, j’ai pu constater à plusieurs reprises que Petrus, malgré son prestige, ne se classe pas toujours en tête lorsqu’il est confronté à d’autres grands crus de Pomerol.

Les résultats peuvent varier selon les millésimes et le style des vins, mais il n’est pas rare de voir certaines cuvées, comme La Conseillante, surpasser Petrus lors de dégustations strictement objectives.

En effet, la dimension psychologique et le poids de la réputation s’effacent quand on ne connaît pas l’étiquette. Il m’est arrivé de donner des notes plus élevées à La Conseillante qu’à un Petrus, simplement parce que le vin se montrait plus harmonieux ce jour-là.

Bien sûr, cela ne remet pas en cause la qualité intrinsèque de Petrus, mais cela démontre l’importance du contexte dans l’évaluation d’un grand cru.

Il est donc fondamental de rappeler qu’en dégustation à l’aveugle, Petrus ne bénéficie pas de son aura habituelle et se retrouve évalué sur ses seules caractéristiques organoleptiques. D’autres domaines de Pomerol, disposant eux aussi d’un terroir exceptionnel, peuvent rivaliser avec Petrus sur la pureté du fruit, la complexité aromatique ou la finesse des tanins.

Au cours de mes nombreuses sessions de dégustation, j’ai vu des connaisseurs s’étonner de préférer un cru moins médiatisé à un Petrus, simplement parce que l’équilibre global leur paraissait supérieur ce jour-là. C’est là tout l’intérêt de la dégustation à l’aveugle : elle rappelle que, malgré le prestige et le prix, Petrus est avant tout un vin, soumis à la diversité des palais et des contextes de dégustation.

Cela étant dit, il ne faut pas sous-estimer la magie propre à Petrus, qui peut offrir des instants de grâce inoubliables lorsque tous les éléments sont réunis.

Trois Pomerols sont au niveau de Petrus : La Conseillante, Le Pin et Trotanoy

Pour illustrer l’idée qu’un grand vin ne se résume pas à son étiquette, prenons l’exemple de La Conseillante, souvent proposée autour de 300 euros, alors que certains millésimes de Petrus dépassent facilement les 3 000 euros. Le Pin, Vieux Château Certan et Trotanoy sont également des domaines de Pomerol capables de rivaliser avec la complexité, la profondeur et l’élégance de Petrus.

Premier point : le savoir-faire et le terroir.

La Conseillante, comme Petrus, bénéficie d’un sol d’argile et de graves, ainsi que d’une équipe technique passionnée par l’excellence. Le Pin, quant à lui, doit sa réputation à une production encore plus confidentielle que Petrus, moins de 2 hectares de vignes ! Avec des rendements extrêmement limités qui concentrent la qualité. Vieux Château Certan et Trotanoy, tout comme Petrus, s’appuient sur une longue tradition viticole et un terroir d’exception qui donne naissance à des vins remarquablement structurés. Tous ces châteaux, à l’instar de Petrus, mettent un point d’honneur à soigner chaque détail, depuis la vigne jusqu’à la mise en bouteille.

Deuxième point : les notes et critiques.

La Conseillante, Le Pin, Vieux Château Certan et Trotanoy obtiennent régulièrement des scores comparables à ceux de Petrus dans les publications, revues et guides spécialisés.

Troisième point : les caractéristiques en bouche.

Tous ces crus offrent une palette aromatique riche, souvent dominée par des nuances de fruits noirs, de truffe, voire de chocolat, à l’instar de Petrus.

Quatrième point : le prix d’achat moyen.

On trouve par exemple La Conseillante à 300 euros, Le Pin pouvant monter jusqu’à 2 000 euros selon les millésimes, tandis que Vieux Château Certan et Trotanoy se négocient généralement entre 150 et 300 euros la bouteille, des sommes déjà élevées mais loin des tarifs stratosphériques de Petrus.

Enfin, cinquième point : le potentiel de garde.

Tout comme Petrus, ces vins peuvent vieillir plusieurs décennies et offrent alors une complexité supérieure avec le temps, confirmant leur stature de grands crus de Pomerol. Malgré cela, beaucoup considèrent que Petrus domine encore en termes de finesse ultime, même si la marge n’est parfois pas aussi nette en dégustation comparative. Chaque millésime de Petrus semble porter la signature d’un terroir unique, mais La Conseillante, Le Pin et d’autres n’ont rien à lui envier en termes de passion suscitée auprès des amateurs.

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Quelle est l’histoire de Petrus ?

L’histoire de Petrus remonte au XVIIIe siècle, époque à laquelle le vignoble jouissait déjà d’une certaine reconnaissance locale. Cependant, c’est véritablement au milieu du XXe siècle que Petrus acquiert sa notoriété mondiale, notamment grâce à la famille Moueix, qui prend les rênes du domaine et investit massivement pour en révéler tout le potentiel.

Le rachat de parcelles supplémentaires, en particulier des vignes attenantes au Château Gazin, a permis d’agrandir peu à peu la superficie de Petrus. De vastes rénovations des installations techniques et une modernisation des méthodes de vinification ont alors accompagné cette expansion. Le nom de Petrus commence dès lors à circuler dans les cercles très fermés des grands collectionneurs et des tables étoilées.

Peu à peu, Petrus va s’imposer comme un symbole de luxe et de raffinement, alimentant un phénomène de rareté qui ne fera que s’accentuer au fil des décennies. Au même moment, la renommée de Petrus s’est propagée à travers le monde, séduisant aussi bien les amateurs pointus que les plus grands établissements gastronomiques.

Au-delà de l’expansion du vignoble, la famille Moueix a su mettre en place une stratégie de diffusion très sélective pour Petrus, réservant une grande partie de la production à des marchés privilégiés. Cette approche, couplée à la demande croissante en provenance des États-Unis et d’Asie, a construit l’image ultra-premium de Petrus sur la scène internationale.

Par ailleurs, le style même du vin a évolué : autrefois plus rustique, Petrus s’est affiné, gagnant en souplesse de tanins et en complexité aromatique. La volonté de maintenir un rendement très faible, tout en expérimentant des méthodes de culture respectueuses de l’environnement, renforce encore la réputation d’excellence de Petrus.

Aujourd’hui, le nom de Petrus est indissociable d’un univers de luxe, où se côtoient collectionneurs, grandes fortunes et passionnés, tous désireux de posséder quelques flacons de ce cru mythique. Cette success story de Petrus illustre parfaitement l’ascension d’un domaine familial au rang de légende.

Au final Petrus vaut-il son prix ?

En définitive, Petrus fascine autant qu’il interroge. Son prix élevé est le fruit d’un terroir rarissime, d’un savoir-faire historique et d’une aura à la fois médiatique et culturelle.

Pour certains, l’expérience gustative et la réputation justifient pleinement l’investissement. Pour d’autres, il est possible de trouver des plaisirs similaires, voire supérieurs, à travers d’autres grands crus classés de Pomerol à des tarifs plus raisonnables.

À chacun, donc, de se forger sa propre opinion et de décider si Petrus vaut, pour lui, son prix. Quant à moi, je reste passionné par ce vin hors normes, tout en gardant à l’esprit que la magie du vignoble et terroirs bordelais ne se limite pas à une seule étiquette et mérite d’être explorée dans toute sa richesse.

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